mercredi 2 mars 2011

Les lieux infidèles de Tana French

J'ai lu ce livre grâce au partenariat Livraddict et Calmann-Lévy. Je les en remercie tous les deux. En effet, sans cela, les lieux infidèles n'est pas un thriller que j'aurai acheté car, avec ce genre littéraire, j'ai du mal à sortir des auteurs que j'aime, du mal à me lancer vers l'inconnu même si en tout état de cause, je devrais !
C'est donc avec plaisir que j'ai découvert cette auteure, et je pense qu'à l'avenir, je continuerai à lire ses livres.


Détails du livre
  •  Titre VO : Faithful Place
  • Traduction : François Thibaux
  • Broché: 440 pages
  • Editeur : Calmann-Lévy (26 janvier 2011)
  • Collection : Suspense Crime
  • ISBN-13: 978-2702141694
Quatrième de couverture

Au cours d’une vie, seuls quelques instants sont décisifs.
L’existence de Frank Mackey bascula par une nuit de décembre 1983. Il avait dix-neuf ans et attendait Rosie Daly au bout de sa rue, à deux pas du halo brumeux et jaune du réverbère. L’air était froid comme du verre, chargé d’un délicieux parfum de houblon brûlé venu de la brasserie Guinness. Ils avaient prévu de fuir ensemble leur quartier natal dublinois, pour vivre d’amour et de musique à Londres. Mais cette nuit-là, Frank patienta en vain. Rosie ne le rejoignit pas.

Vingt-deux ans plus tard, devenu flic spécialisé dans les missions d’infiltration, Frank vit toujours à Dublin. Il a coupé les ponts avec sa famille et n’a jamais eu de nouvelles de son premier amour. Puis un jour, sa sœur l’appelle, affolée : on a retrouvé la valise de Rosie dans un immeuble désaffecté de Faithful Place. Forcé de revenir chez les siens, Frank revisite son passé, ses blessures de jeunesse, et toutes ses certitudes : Rosie est-elle jamais partie ? 

Un extrait (le prologue)

Au cours d'une vie, seuls quelques instants sont décisifs. La plupart d'entre nous les oublient aussitôt, jusqu'à ce qu'ils ressurgissent sans crier gare bien des années plus tard et, avec le recul, prennent tout leur sens : celui où l'on a décidé ou non d'aborder cette fille, de ralentir dans ce virage sans visibilité, de s'arrêter pour acheter ce préservatif. Je peux dire que j'ai eu de la chance. Confronté à l'un d'eux, je l'ai reconnu pour ce qu'il était. J'ai su immédiatement que mon destin se jouait à ce moment précis, lors de cette nuit d'hiver, alors que je patientais dans l'ombre en haut de Faithful Place.
J'avais dix-neuf ans. J'étais assez mûr pour vouloir prendre le monde à-bras-le-corps, assez jeune pour agir comme un imbécile. Cette nuit-là, dès que mes deux frères ont commencé à ronfler, je me suis glissé hors de notre chambre, mon sac à dos sur les épaules et mes Doc à la main. Une latte craqua. Dans la chambre des filles, l'une de mes sœurs murmura dans son sommeil. Mais les dieux étaient avec moi. Rien n'aurait pu m'arrêter. Mes parents ne se retournèrent même pas sur leur canapé-lit lorsque je traversai le salon, les touchant presque. Le feu se mourait avec un petit bruit sec, projetait dans le noir une faible lueur rouge. J'avais fourré dans mon sac tout ce que je possédais : jeans, T-shirts, un transistor d'occasion, cent livres sterling et mon extrait de naissance. À l'époque, il n'en fallait pas davantage pour gagner l'Angleterre. Rosie avait les billets du ferry.
Je l'ai attendue au bout de la rue, dans l'obscurité, à deux pas du halo brumeux et jaune du réverbère. L'air était froid comme du verre, chargé d'un délicieux parfum de houblon brûlé venu de la brasserie Guinness. Je portais trois paires de chaussettes dans mes Doc. Les mains enfoncées dans les poches de ma parka de l'armée allemande, j'ai écouté une dernière fois la rumeur de mon quartier. Une femme qui rit et s'exclame : "Mais qu'est-ce que tu fais ?" Une fenêtre que l'on claque. Le grattement des rats le long des murs de brique, une toux d'homme, le chuintement d'un vélo ; le cri solitaire et furieux de Johnny Malone le Barjo qui, au sous-sol du numéro 14, n'arrive pas a dormir. Des couples quelque part, des gémissement étouffés, des halètements. Pensant au cou de Rosie, à son parfum, je souris aux étoiles. Les cloches des églises de Dublin sonnèrent minuit : Christ Church, St. Patrick, St. Michan ; notes sonores et claires dégringolant du ciel, comme pour célébrer notre Nouvel An secret.
Au carillon de 1 heure, je craignis le pire. Tout à coup, des frottements, des bruits sourds le long des jardins, à l'arrière des maisons, me firent sursauter. Je bondis, prêt à accueillir Rosie, m'attendant à la voir enjamber le mur qui délimitait la rue. Mais elle n'apparût pas. Il s'agissait sans doute d'un pochard qui, honteux de son retard, rentrait chez lui en se faufilant par une fenêtre. Au numéro 7, le dernier né de Sallie Hearne se mit à pleurer. Son vagissement se prolongea jusqu'à ce que sa mère se réveille et lui chante : "I know where I'm going... Painted rooms are bonny..."

Mon avis

Comme je l'ai dit au début de ma chronique, j'ai beaucoup aimé le livre et cela pour plusieurs raisons : le style, l'ambiance, les personnages et l'aspect psychologique. Le seul petit bémol serait que j'ai très vite découvert qui a tué le professeur moutarde dans la chambre jaune. Mais même avec ça (ou sans ça devrais-je dire) j'ai trouvé ce livre haletant et je n'ai pu le poser (ou presque) jusqu'à l'avoir fini.

Le style de l'auteure est un délice. Les mots nous emportent faisant défiler les pages sans même nous en rendre compte. Il est juste quand parle une fillette, juste quand il s'agit d'un flic, juste encore quand il s'agit des bas quartiers de Dublin.

L'ambiance du livre est assez sombre. L'alcoolisme, le chômage, les violences conjugales ou infantiles y sont omniprésents sans jamais tomber dans la caricature. Tout cet aspect social m'a semblé authentique sans surplus ni chichi.

Les personnages m'ont captivé : J'ai beaucoup aimé suivre Frank Mackey dans  son enquête ou dans sa famille, mais je l'ai adoré jouant les papa poule avec sa fille. Olivia la maman ou Jackie la tante se sont révélées tout aussi intéressantes même si elles sont moins mises en avant..

La psychologie est une base essentielle de ce thriller, en effet,  une des questions est : est-il possible d'échapper à son héritage familial ? C'est ce qu'a essayé de faire Frank, mais y-a-t-il réussi ? Sa fille en est-elle plus heureuse ? La fuite était-elle juste un moyen pour Frank de ne pas tomber dans les schémas familiaux qui ont marqué son enfance ?

Tout ce cheminement de questions est, pour ma part une partie intégrante du thriller et cela fait parfois plus froid dans le dos que n'importe quel meurtre. L'autre partie, l'enquête criminelle est tout aussi importante. Elle nous dévoile encore une autre facette de Frank que celle du papa poule ou celle de l'enfant qu'il a pu être.

Lecture à suivre 
L'étrange vie de Nobody Owens de Neil Gaiman

6 commentaires:

  1. Si je n'avais pas lu ta chronique, je crois que moi non plus je n'aurai pas tenté ! Mais de ce que tu en dis, le livre a l'air pas mal ! je le note !

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  2. Avec plaisir Didi ! J'espère qu'il te plaira :)
    Je l'ai lu en à peine 2 jours et je l'ai fini quand les enfants étaient à l'école (normalement je ne lis jamais quand ils ne sont pas à la maison)

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  3. A priori, je suis l'exception, mais je n'ai pas accroché à ce roman. Cette lecture a été pour moi très longue.

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  4. J'ai vu sur bibliomania que tu n'étais pas la seule. Bonne lecture !

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  5. J'ai beaucoup aimé ce livre, les personnages, l'aspect social de ce quartier de Dublin ou le seul espoir est de travailler chez Guinness... Une bonne lecture !

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  6. Je te remercie ! J'ai pensé tout pareil que toi de ce livre !
    Bonne lecture À toi aussi !

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