mercredi 23 février 2011

Le guetteur du midi de Michèle Lajoux

Tout d'abord, je voudrais remercier Livraddict et cherche midi éditions pour m'avoir donné l'occasion de découvrir ce livre que je n'aurais sans doute pas pensé à acheter. J'ai beaucoup aimé ce livre qui sort de mes habitudes de lecture. Cela m'a aussi permis de découvrir une auteure française que je ne connaissais pas : Michèle Lajoux dont j'ai beaucoup apprécié la plume. Je viens d'ailleurs de commander un autre de ses livres d'un tout autre genre: Puisque c'est ça la vie.

Détails du livre
  • Broché: 616 pages
  • Editeur : Le Cherche Midi (6 janvier 2011)
  • ISBN-13: 978-2749117775
Quatrième de couverture

Laon, janvier 1590.

Pendant les guerres de Religion, la bibliothèque de Jean Bodin, le Machiavel français, est livrée aux flammes. L'autodafé est révélateur du climat qui règne dans la ville divisée entre les ligueurs et les royalistes, notamment après l'arrivée du Tholozam, envoyé par les ligueurs de Paris pour contrôler les consciences et Jean Bodin.

Qui est Louise, une jeune personne arrivée en même temps que le Tholozam pour assister Jean Bodin dans ses travaux ? Les morts suspectes se multiplient dans la cité. Louise essaie de comprendre les raisons des intrigues politiques, des rancœurs, des haines. Elle découvre l'histoire de Jehanne d'Harvilliers, la sorcière condamnée par Bodin, et recherche sa propre identité.


Les prophéties de la cathédrale sous le regard du Couronnement de la Vierge d'Enguerrant Quarton, dont l'original se trouve dans la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, vont-elles se réaliser ? Le retable de la chartreuse illustre une époque partagée entre la croyance religieuse, la superstition et la démonologie.


Le Guetteur du Midi est une magnifique fresque de la fin du XVIe siècle, fourmillant d'anecdotes et d'illustrations sur les préparations des médecines et le rôle des apothicaires dans les maladies du corps et de l'âme. Faits historiques et romanesques se mêlent dans un hymne à la vie et à l'amour.


Un extrait

Les premiers vers de la chanson, car il pouvait s'agir d'une poésie qui se serait bien accommodée d'une mélodie, paraissaient bucoliques et anodins. Mais à mesure que l'on entrait dans le récit, les mots devenaient crus, les allusions cruelles et les images évoquaient des scènes macabres et barbares. Le texte était composé comme ces retables qui montrent, sur la surface des volets extérieurs, des images reposantes évoquant le paradis et qui, à l'intérieur, sont peints de scènes hideuses représentant l'enfer. En lisant, on entrait petit à petit dans les méandres d'un esprit torturé ou dans les péripéties d'une prophétie effroyable.


Quand là, une nouvelle alouette chantera,
Et que le premier pommier donnera,
Les bourgeons pourront éclore de multiples flores
D'ellébore et de mandragore. 


Enfin, des graines plantées germera la folie
La mort blanche, la mort noire aussi,
Des treize traîtres le démon se chargera
En sa couleur le changera.


L'un en un crabe livide se jettera,
Sur les épines de la ronde.
L'autre en un gisant tout blanc se transformera
Dans la fontaine des arondes.

Si le premier couplet me semblait assez banal et d'une tonalité bucolique assez commune quoiqu'un peu mâtinée d'allusions à des plantes plus médicinales que poétiques, les autres quatrains, eux, me frappèrent par la similitude avec les événements qui venaient de se produire. Je compris dans l'instant le raisonnement de Barthélemy : les deux morts des jours précédents étaient annoncés dans les vers gravés sur le basalte noir. Il n'était pas nécessaire de faire preuve d'un raisonnement farfelu ou d'une imagination délirante pour rapprocher la description des deux cadavres, celui de maître Vandorme et celui d'Hyacinthe Pierrard, des images évoquées sur la pierre noire.

Mon avis

Tout d'abord, quelques mots sur le rythme de ce livre : j'ai vraiment eu beaucoup de mal à entrer dans cette histoire, les quelques 50 premières pages m'ont semblé interminables. Je me suis accrochée et j'ai bien fait car après cette introduction, le récit ne s'est que légèrement accéléré mais est devenu de plus en plus intéressant.  Passée la 300ème page, impossible désormais de poser le livre et cela jusqu'au bout de l'histoire. C'est une belle montée en puissance. J'ai trouvé que ce rythme accompagnait à merveille la découverte de Louise d'elle-même par elle-même.

J'ai beaucoup aimé le style de l'auteure qui nous emmène quelques siècles en arrière. Michèle Lajoux, Laonnoise exilée à Paris est une ancienne professeur d'histoire-géographie. Elle semble bien maîtriser son sujet surtout au vu de l'imposante bibliographie dont elle s'est servie pour écrire son livre.
Quant à l'histoire, qui est assez complexe, c'est un savant mélange de genre entre roman historique, thriller, drame et roman d'amour. Les intrigues s'emmêlent et se démêlent sur un air de sorcellerie, souvent au détour de meurtres plus ou moins sanglants pour aboutir soit au drame, soit à l'amour.
Pour mon plus grand plaisir, je n'ai pas su démêler l'historique du romancé, n'étant pas spécialiste de la période, loin de là. Par contre, maintenant j'ai très envie de me renseigner. J'ai d'ailleurs retrouvé le retable dont on parle dans le livre : le couronnement de la vierge.


Le personnage de Louise est au départ telle une poupée de cire, vierge de tout passé, de tout sentiment. Elle n'a pas eu de père ou de mère pour apprendre à aimer. En arrivant à Laon, elle a du mal à s'acclimater, mais elle aime son travail. La suite s'enchaîne d'elle même, de découverte en découverte. Louise est notre héroïne et on s'attache à elle très facilement, tout comme aux autres personnages d'ailleurs.

J'ai aussi beaucoup aimé le nom des chapitres qui sortent vraiment de l'ordinaire. On peut en effet trouver : D'un souterrain perché chuta le conseiller ou bien Où une aiguille enchantée se  met au service de celui qui sait la faire danser ou encore Des trois états de la matière, des momies égyptiennes et du nouement de l'aiguillette.

Je suis par contre assez chagrinée que la couverture se soit abimée si vite : le film avec l'image se décolle de la couverture.

Pour conclure, je peux donc dire que ce fût une très belle lecture dont le rythme très lent au départ, nous laisse à la fin tout essoufflé d'avoir tant lu. J'ai également découvert avec beaucoup de plaisir une auteure que je relirai très vite.

Prochaine lecture
Druide d'Olivier Péru (LC le 4 mars)

6 commentaires:

  1. J'ai repéré ce livre en librairie et je me suis dit : tiens, je crois que LefsÖ le lit.

    Je ne savais pas ce qu'il pouvait donner. A la lecture de ton article, je pense qu'il pourrait me plaire :)

    Alors le voilà droit vers ma wish list !

    Merci pour ton article LefsÖ

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  2. Avec plaisir Plumeline ! A moi druide maintenant :D

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  3. je ne pense pas le lire je ne suis pas sur d'aimé mais je suis contente qu'il t'ai plu et finalement tu as bien fait de perseverer après tes difficultés avec les 50 premières pages

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  4. Le résumé me plaisait partiellement, mais ton article va me faire loucher sérieusement sur ce bouquin : Histoire, Thriller et un peu de sorcellerie... Arf, ma Pal ne te dit pas merci !

    Kiss de gre-gre

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  5. Je ne connaissais pas mais je crois qu'il a toutes ses chances d'atterrir dans ma PAL ^^ A voir !!

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  6. J'espère qu'il vous plaira. Merci les filles !

    @ Nanet : c'est un juste retour des choses je trouve, de PAL à PAL !

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