samedi 2 octobre 2010

Andromaque de Racine

Toujours pour le baby challenge théâtre, je me suis lancée dans la lecture d'Andromaque de Racine. Dans mes années lycée, j'avais lu Phèdre et d'autres tragédies. Et j'ai enfin compris pourquoi Antigone de Anouihl  ne m'avait pas conquise complètement. Je n'arrivais pas à définir ce qui m'avait légèrement troublé dans Antigone. Mais maintenant ça y est : la plupart des tragédies que j'ai lues sont en vers et c'est un enchantement que de s'entendre lire, même silencieusement.
 Andromaque est une tragédie en cinq actes et en vers de Jean Racine écrite en 1667


Détails sur le livre 
  • Poche: 174 pages
  • Editeur : Bordas; Édition : Nouvelle (21 août 2003)
  • Collection : Univers des Lettres - Classiques Bordas
  • ISBN-13: 978-2047303733
Mise en bouche :

Après la guerre de Troie, au cours de laquelle Achille a tué Hector, la femme de ce dernier, Andromaque, est réduite à l'état de prisonnière avec son fils Astyanax par Pyrrhus, fils d’Achille. Pyrrhus tombe amoureux d'elle alors qu'il doit en principe épouser Hermione, fille du roi de Sparte, Ménélas.
La structure est celle d’une chaîne amoureuse à sens unique : Oreste aime Hermione, qui veut plaire à Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime son fils Astyanax et son mari Hector qui est mort. L’arrivée d’Oreste à la cour de Pyrrhus marque le déclenchement d’une réaction qui, de maille en maille, va faire exploser la chaîne. L’importance du thème galant est un reste de la pièce précédente de Racine, Alexandre Le Grand.
La scène est à Buthrote, ville d'Épire, dans une salle du palais de Pyrrhus.

  Un petit extrait : 

Hermione.
Où suis-je ? Qu'ai-je fait ? Que dois-je faire encore ?
Quel transport me saisit ? Quel chagrin me dévore ?
Errante, et sans dessein, je cours dans ce palais.
Ah ! ne puis-je savoir si j'aime ou si je hais ?
Le cruel ! de quel oeil il m'a congédiée :
Sans pitié, sans douleur au moins étudiée !
L'ai-je vu s'attendrir, se troubler un moment ?
En ai-je pu tirer un seul gémissement ?
Muet à mes soupirs, tranquille à mes alarmes,
Semblait-il seulement qu'il eût part à mes larmes ?
Et je le plains encore ! Et, pour comble d'ennui,
Mon coeur, mon lâche coeur s'intéresse pour lui !
Je tremble au seul penser du coup qui le menace !
Et, prête à me venger, je lui fais déjà grâce !
Non, ne révoquons point l'arrêt de mon courroux :
Qu'il périsse ! aussi bien il ne vit plus pour nous.
Le perfide triomphe et se rit de ma rage :
Il pense voir en pleurs dissiper cet orage :
Il croit que, toujours faible, et d'un coeur incertain,
Je parerai d'un bras les coups de l'autre main.
Il juge encor de moi par mes bontés passées.
Triomphant dans le temple, il ne s'informe pas
Si l'on souhaite ailleurs sa vie ou son trépas.
Il me laisse, l'ingrat, cet embarras funeste.
Non, non, encore un coup, laissons agir Oreste.
Qu'il meure, puisque enfin il a dû le prévoir,
Et puisqu'il m'a forcée enfin à le vouloir...
À le vouloir ? Eh quoi ! c'est donc moi qui l'ordonne ?
Sa mort sera l'effet de l'amour d'Hermione ?
Ce prince, dont mon coeur se faisait autrefois
Avec tant de plaisir redire les exploits,
À qui même en secret je m'étais destinée
Avant qu'on eût conclu ce fatal hyménée ;
Je n'ai donc traversé tant de mers, tant d'États,
Que pour venir si loin préparer son trépas,
L'assassiner, le perdre ? Ah ! devant qu'il expire... 

 Mon avis : 

 C'est un plaisir que de relire des pièces de théâtre, encore mieux des tragédies grecques. Je crois que je n'en avais pas lues depuis bien 15 ans :S Merci donc aux baby challenge qui m'ont rappelé que je les aime beaucoup.
La pièce de Racine est un délice. L'écriture est rythmée par les alexandrins : on lit, on écoute, on aime ! 
Les personnages sont très humains : indécis, faibles ou pris de remords ...


Prochaine lecture :

Roméo de Juliette de Shakespeare

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